S P A DIRIGEANTS SOUS PROTECTION NOTRE VIE N ' EST Q (' UN PRETEXTE !!!

26/07/2014 11:03

 
 
Rififi à la SPA, écrivions-nous dans l’Agglo-Rieuse (n° 588) de la semaine dernière. « Tout va bien, merci », a répondu Annie Benezech, porte-parole de l’association, dont elle est un membre actif du conseil d’administration avec son m
lagglorieuse.info
 
 
La SPA de Montpellier Agglomération est une affaire qui roule. Il n’y a pas de rififi, promis, juré. Il est vrai que ça se passe en famille, comme l’atteste l’organigramme : président, le docteur vétérinaire Vincent Cerclet ; dirigeants de fait ou de droit : Annie Benezech, adjointe au maire de Montpellier jusqu’à fin mars dernier, son mari, Alain, sa mère, Yvette Royère, et Guy Deldem, vice-président du conseil de l’ordre des vétérinaires de l’Hérault. « Annie Benezech et son époux, Alain, conseiller technique, ne font plus partie du conseil d’administration de la SPA pour éviter tout conflit d’intérêts entre la SPA et l’Agglo, certes, mais les Benezech sont les invités permanents du conseil d’administration, elle en tant que porte-parole, lui comme conseiller technique. Les Benezech contribuent néanmoins à assurer la direction de la SPA comme auparavant, quand Annie Benezech a succédé fin 1999 à l’ancienne dirigeante, Mme Césarine Guyot », assure un observateur bien au fait de la situation. Il est catégorique : Annie Benezech a pris le pouvoir avec l’aide de ses deux amis vétérinaires, les docteurs Cerclet et Deldem, ce qu’ils contestent farouchement. Ils évoquent un règlement de comptes qui perdure depuis ces derniers mois. Mais, il y a toujours eu un climat délétère autour de la gestion de la SPA de l’Agglo. Depuis qu’Annie Benezech a succédé à Mme Guyot, justement. Déjà, au début des années 2000, l’élue a été montrée du doigt, accusée d’avoir dilapidé les fonds laissés en héritage en factures de téléphone et achats personnels à gogo.

Monopole

Selon une pièce de l’administrateur judiciaire de l’époque (fin 1999), Césarine Guyot avait laissé en caisse 490 650 €, auxquels s’ajoutaient 76 225 € de subventions et honoraires de fourrière. C’est cet actif qui aurait été dilapidé. « Faux. De mémoire, car ça remonte à une quinzaine d’années, la somme était plutôt de l’ordre de 300 000 €. La comptabilité de l’association est effectuée par un expert-comptable et soumise à un commissaire aux comptes indépendant qui certifie la sincérité des comptes de la SPA chaque année, lesquels sont accessibles aux adhérents et votés en assemblée générale. Le fonds de roulement actuel de l’association est de l’ordre de 500 000 €, soit nettement plus que la somme d’origine lors du départ de Mme Guyot », assure le président de la SPA, Vincent Cerclet, qui précise que « la mère de Mme Benezech, Mme Royère, est trésorière adjointe, la trésorière étant Mme Mus. Mme Benezech, qui est membre du conseil d’administration, assiste donc logiquement aux réunions ». Cet aspect très famille est notable avec le choix des vétos qui interviennent à la SPA de l’Agglo. Ils font partie intégrante du syndicat VPT (Vétérinaire pour tous) et sont soupçonnés d’imposer leurs conditions et leurs tarifs. Selon nos informations, aucun autre vétérinaire en dehors du syndicat VPT ne peut intervenir à la SPA de l’Agglo. Un présumé jeu de la concurrence complètement faussé, car les VPT 34 raflent ainsi le monopole. Le coût pour les soins dispensés aux animaux, dont le barème est établi par VPT 34, est largement au-dessus de ceux pratiqués par les confrères hors réseau. « Il avait été demandé, un temps, par des bénévoles d’étudier le coût d’un vétérinaire salarié permanent à la SPA de l’Agglo, mais cette proposition avait bien évidemment été rejetée par le conseil d’administration composé par de nombreux vétos amis du couple Benezech et du président, ce qui constitue un présumé conflit d’intérêts », accuse un de nos informateurs. En juin 2013, l’ordre des vétérinaires d’Alsace a été condamné par l’Autorité de la concurrence pour de telles pratiques, à savoir des ententes sur les tarifs entre 1991 et 2008… « Il n’y a pas de monopole, puisque tous les vétérinaires de l’Hérault sont amenés à intervenir pour la SPA de l’Agglo de Montpellier, c’est une situation assez originale en France, puisque la plupart des refuges n’interviennent souvent qu’avec un ou deux vétérinaires. Ici, les vacations au refuge sont assurées par plus de quinze docteurs volontaires », se félicite Vincent Cerclet.

Factures salées

À propos d’argent, restons-y. Intéressons-nous aux factures de téléphone d’Annie Benezech, qui seraient payées par la SPA de l’Agglo depuis une bonne dizaine d’années. Selon des documents tombés dans le bec de la Mouette, le montant de ces factures était élevé : 2 130 € en septembre 2012, 581,82 € en juin 2013, 710,43 € en août 2013. Des factures salées qui auraient grevé la trésorerie. Avec un changement récent : depuis trois mois, Annie Benezech règle elle-même les factures. « Il s’agit d’un téléphone mobile, une ligne téléphonique de la SPA allouée à la porte-parole, qui n’est autre que Mme Benezech, laquelle l’utilise pour toutes les relations avec les collectivités territoriales comme la Ville de Montpellier, l’Agglo, les services de police, de gendarmerie, les sapeurs-pompiers pour gérer les situations d’urgence. Mme Benezech utilise cette ligne téléphonique dans le cadre de son action de bénévolat associatif, nuits, week-ends et jours fériés compris ; il ne s’agit en aucun cas d’une ligne privée », réagit le président de la SPA. Le règlement des factures porte l’entité « Agglomération de Montpellier ». Question factures, leur répartition pose problème – 40 % pour le refuge, 60 % pour la fourrière –, ce qui serait non conforme. Pour obtenir les subventions de l’Agglo, il faut impérativement que l’activité de la fourrière soit en déficit, le jeu consisterait donc à gonfler les comptes de la fourrière, alors que les achats – notamment les commandes de croquettes – concernent le refuge. « La répartition des frais est variable en fonction de différents postes de dépenses et correspond le plus finement possible à la répartition des charges entre la fourrière et le refuge. Il y a une comptabilité, contrôlée par le commissaire aux comptes et validée par les services de l’Agglo », répond Vincent Cerclet.

Cartes bleues

Le président trouve normal par ailleurs que 9 des salariés embauchés à la fourrière et au refuge – sur 19 employés – soient payés avec des bulletins de salaire au nom exclusif de la fourrière : « C’est validé par le commissaire aux comptes. » Argent toujours avec l’utilisation à outrance supposée de la carte bancaire attribuée à la SPA. En octobre dernier, une des cartes bleues aurait « chauffé » du côté de Bordeaux, où Annie et Alain Benezech séjournaient en vacances chez leur fils. Durant cette semaine de congés, les responsables de la SPA n’ont pas pu se servir de ladite carte bancaire pour effectuer des règlements. « Les cartes bancaires de la SPA ne sont jamais à la disposition du personnel. L’épisode de Bordeaux concerne le congrès de la confédération des SPA de France, ce n’était pas un voyage privé. Étaient présents à ce congrès le président, le vice-président et la porte-parole, et les frais de transport ont été payés, bien sûr, par l’association », assure Vincent Cerclet. Sauf que des documents en notre possession montrent que quatre participants et non trois ont séjourné dans un hôtel-restaurant de Bordeaux pour 985 €, Alain Benezech ayant bien été présent. Une des cartes bancaires a servi également à régaler Mme Benezech, sa mère et deux amis, le 6 octobre 2013 dans un restaurant de Montpellier, pour 95,95 €.

Cotisations au noir ?

Par quel biais les cotisations d’adhérents ont-elles été réglées ? Les statuts de la SPA auraient été volontairement modifiés en 2013 pour que chaque nouveau donateur ne soit plus systématiquement adhérent et de ce fait, ne bénéficie plus du droit de vote. En payant les cotisations, ces adhérents amis votent pour la liste Benezech-Cerclet lors de l’assemblée générale. « Il n’y a pas de caisse noire à la SPA, il existe un fonds de caisse qui sert à payer, comme dans toutes les entreprises, les petites dépenses urgentes. L’adhésion à la SPA n’est pas très coûteuse, elle est de 16 € plus 4 € facultatifs d’abonnement à la revue Boule de poils. Personne n’a besoin de se faire financer une adhésion par une caisse noire, l’intérêt de réaliser des adhésions est de faire rentrer de l’argent à la SPA et non d’en dépenser », affirme le président. Il est question de faux contrats de travail également, comme des pièces l’attestent, notamment celui d’une employée de la Ville de Montpellier qui venait faire le ménage au noir au refuge de la SPA, alors que le contrat et les bulletins de salaire étaient au nom de ses deux enfants. Le président apporte un démenti total, confirmant qu’un des enfants de cette bénévole de la SPA a bien effectué des CDD, 15 heures par semaine, pour des travaux d’entretien.

Copinage ?

Le choix de sociétés amies des époux Benezech est pointé dans des documents en possession de la Mouette. Comme le choix des éditions Mimosa, une imprimerie dont les devis étaient pourtant les plus chers. Le dernier véhicule acquis par la SPA, un Kangoo, l’a été à Toulouse auprès d’un copain du beau-fils des Benezech. Il n’y a rien à redire, dixit Vincent Cerclet : « L’imprimerie Mimosa est un partenaire très ancien de la SPA. Mimosa édite notamment la revue de l’association, Boule de poils. Le dernier véhicule acheté l’a été auprès d’un concessionnaire Renault de Toulouse, c’est vrai, pour la simple raison qu’il était le mieux-disant des différents devis que nous avons fait réaliser. Il s’agit effectivement d’une connaissance d’un des administrateurs de la SPA, ce qui explique probablement le geste commercial en faveur de l’association. » Avec une petite commission perçue au passage ? Toujours dans le domaine du fonctionnement très famille, les vacations à la clinique vétérinaire de l’Aiguelongue sont exclusivement partagées entre les docteurs Cerclet, Chrien et Delattre.

Morts rapides

Au chapitre des euthanasies, des dysfonctionnements sont niés. Les morts volontaires à la fourrière présentent un taux important. Il semble que les délais légaux ne soient pas respectés : les animaux, qu’ils soient identifiés ou non, subissent le même sort, sans que la recherche des propriétaires des chiens ou des chats soit systématiquement effectuée. Les motifs d’euthanasies inscrits sur les documents sont souvent douteux : des chiens ont été tués pour une suspicion de patte cassée, des chiots comme ayant été dangereusement agressifs. Des animaux sont euthanasiés alors qu’ils sont pucés et stérilisés. « Faux. Le taux d’euthanasie des chiens est de 3,85 % en 2013, ce qui constitue un chiffre extrêmement faible au vu des conditions sanitaires des animaux que nous sommes amenés à gérer. Le taux d’euthanasie des chats est plus élevé en raison de l’incidence majeure des maladies contagieuses graves et souvent incurables dans cette espèce. Les délais de fourrière sont respectés systématiquement », indique le président, blessé par de telles attaques « faites pour nuire à l’image de la SPA de Montpellier Agglomération ». Il est une certitude : tout se règle en famille, les dirigeants ne se battent pas comme chiens et chats.

Jean-Marc Aubert