DEFICIENCES GRAVER DANS LA GESTIONN DE LA S P A UNE NOUVELLE PLAINTE

29/04/2014 18:32

"Déficiences graves" dans la gestion de la SPA ? Une nouvelle plainte

Le Lot-et-Garonnais Henri Barbe dénonce un « régime de faveur » accordé par la SPA à un marchand de biens parisiens. © Photo

archives « sud ouest

 
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enri Barbe a cette opiniâtreté du chien hargneux qui refuse obstinément de lâcher le pantalon qu?il mord. Trois ans après que le dossier a été classé sans suite, le président de la Vaspa (les Vrais Amis de la SPA) repart en justice au sujet de l?affaire des legs de la SPA (société protectrice des animaux) et porte plainte contre X pour escroquerie en bande organisée. Cette procédure vise la vente, entre 2004 et 2008, d?une centaine de legs à des prix bradés aux 18 SCI (société civile immobilière ) d?un seul et même marchand de biens parisien - situés à une seule adresse près des Champs-Élysées - qui parfois dans la même journée achetait un legs et le revendait aussitôt trois fois plus cher. Selon Henri Barbe, dans cette affaire, la SPA aurait fait une croix sur 20 millions d?euros de manque à gagner. Cependant, si l?ensemble...

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enri Barbe a cette opiniâtreté du chien hargneux qui refuse obstinément de lâcher le pantalon qu’il mord. Trois ans après que le dossier a été classé sans suite, le président de la Vaspa (les Vrais Amis de la SPA) repart en justice au sujet de l’affaire des legs de la SPA (société protectrice des animaux) et porte plainte contre X pour escroquerie en bande organisée.

Cette procédure vise la vente, entre 2004 et 2008, d’une centaine de legs à des prix bradés aux 18 SCI (société civile immobilière ) d’un seul et même marchand de biens parisien - situés à une seule adresse près des Champs-Élysées - qui parfois dans la même journée achetait un legs et le revendait aussitôt trois fois plus cher. Selon Henri Barbe, dans cette affaire, la SPA aurait fait une croix sur 20 millions d’euros de manque à gagner.

Cependant, si l’ensemble de ces transactions semblait pour le moins suspect au point que la présidente de la SPA, Caroline Lanty, avait porté plainte pour abus de confiance en octobre 2008, aucune infraction n’avait été retenue au terme de l’enquête préliminaire. Celle-ci avait conclu en 2010 à des « anomalies », des «dysfonctionnements internes » et « des défaillances inconcevables qui ne faisaient que refléter la mauvaise gestion de la SPA ».

SPA qui, depuis 2009, doit-on préciser, est sous administration judiciaire. Aujourd’hui, Henri Barbe, qui a mené sa propre enquête durant trois ans, conteste cette lecture du dossier et persiste à dénoncer « l’organisation d’un système centralisé et opaque », jugeant par là que l’incompétence pointée du doigt par l’enquête préliminaire, menée lors de la précédente procédure, a bon dos. Le Lot-et-Garonnais de 74 ans ne s’explique d’ailleurs pas pourquoi les enquêteurs n’ont pas poussé plus loin leurs investigations en ce qui concerne la circulation d’argent liquide (mentionnée dans un PV de synthèse), plus de 350 000 euros décaissés par le marchand de biens durant la période incriminée. Cela « sans justificatifs sérieux », selon Henri Barbe.

Pour ce dernier, les enquêteurs n’ont pas non plus répondu aux questions essentielles dans ce dossier. « Comment se fait-il par exemple que les legs étaient vendus en dessous du prix estimé des Domaines, dont on savait qu’ils sous-évaluaient trop souvent l’immobilier ? » Et Henri Barbe de prendre l’exemple du legs Bodier, « estimé à 94 500 euros par les Domaines, vendu 50 000 euros le matin du 6 décembre 2006 au marchand de biens parisien, qui le cédait dans la même journée au prix de 150 000 euros… ». À Saint-Jean-de-Luz, autre exemple avec la maison Mazarin, une demeure de maître, qui en 2005 est vendue 1,1 million d’euros avant d’être revendue 2,7 millions deux ans plus tard. Une plus-value que justifiera le marchand de biens en raison de l’obtention du classement aux Monuments historiques.

Autre question posée par le Lot-et-Garonnais : « Pour quelles raisons, sur de très nombreux biens, la SPA n’a pas mis en concurrence ledit marchand de biens avec d’autres agences immobilières pour tirer le meilleur prix ? D’ailleurs, dans certains cas, quand un autre opérateur intervient, on voit que celui-ci est toujours au-dessus des prix du marché. Le marchand de biens parisien est, lui, toujours en dessous. » Pour Henri Barbe, c’est la preuve d’« un régime de faveur ».

Curieuse façon en effet de gérer un service des legs qui, déjà à l’époque, était, avec des rentrées en moyenne de 20 millions par an, la principale mamelle de la SPA, dont la situation financière (7 millions de déficit en 2010 pour un budget de 40 millions) ne pouvait se permettre de telles négligences. Il est vrai que la Société protectrice des animaux, créée en 1845, a une histoire récente constellée de guerres claniques et d’affaires douteuses. En 2002 et en 2009, la Cour des comptes avait étrillé dans ses rapports la gestion des services des legs, constatant « des déficiences graves facilitant des anomalies ».

En mars 2000, l’ancienne déléguée SPA de Toulouse, Maryse Bousquet, avait porté plainte, dénonçant déjà « l’opacité en termes de legs ». L’affaire avait été, là aussi, classée sans suite. La nouvelle plainte d’Henri Barbe connaîtra-t-elle le même sort ? L’intéressé assure en avoir encore « sous le coude »…