LA VILLE DE NICE PART EN GUERRE CONTRE LES ABANDONS D' ANIMAUX DOMESTIQUES

13/07/2014 20:51
 

LA VILLE DE NICE PART EN GUERRE CONTRE LES ABANDONS D ' ANIMAUX DOMESTIQUES

 
La municipalité part en guerre contre les maîtres, qui profitent des vacances pour...
nicematin.com

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C'est pour éviter ces regards-là, derrière des grilles, en l'occurrence celles de la fourrière municipale, que la Ville lance une campagne contre l'abandon des animaux....Cyril Dodergny

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La municipalité part en guerre contre les maîtres, qui profitent des vacances pour se débarrasser de leur animal de compagnie. Les associations protectrices aboient dans le même sens...

Le regard de ce chien sur l'affiche, dans une semi-pénombre.... Implorant. Presque pleurant. Éploré. Et ce slogan : « Je ne bouge pas... mais tu reviens ? »

Insupportable interrogation ! Préjugeant déjà la réponse du maître.

Non, il ne reviendra pas ce maître indifférent, inconscient, inconstant, cruel, qui a décidé d'abandonner son animal pour partir tranquillement en vacances. En l'attachant à un arbre. En le laissant dans un refuge, prétextant une excuse bidon. Après tout, ce n'est qu'une bête, hein ?

Eh bien non, ce n'est pas qu'une bête. C'est un être vivant, fidèle, qui aime cash. Alors, pour lui, pour eux, pour ces chiens perdus sans collier, ces chats jetés d'une voiture, ces furets, ces lapins qu'on enferme dans des cartons jetés anonymement au coin d'une rue, la ville de Nice sort ses griffes, aboie.

Elle lance, en effet, une campagne de sensibilisation contre l'abandon des animaux avec, durant tout l'été, affichages sur les bornes publicitaires, dans le tram, les mairies annexes, les CAL, les bibliothèques, chez les vétérinaires..., distribution de dépliants.

Hélène Saliceti-Adroguer, conseillère municipale déléguée à la protection animale, s'exprime avec passion : « On fait cela pour responsabiliser les gens, qu'ils réfléchissent à leurs actes. C'est toute l'année qu'on abandonne, mais plus encore l'été. »

Effectifs inacceptables

Quelques chiffres qui font dresser le poil : Nice compte environ 130.000 animaux domestiques. « Entre 500 et 1000 sont laissés chaque année sur le bord de la route, dont 80 % en période estivale. »

Des esseulés qui finissent souvent derrière des enclos. Ceux de la fourrière municipale du Mont-Chauve par exemple : « En ce moment, on a recueilli 20 chiens et 18 chats, mais les abandons vont s'intensifier et on ne peut pas aller au-delà de 49 chiens en même temps. »

Des bâtiments aménagés, deux terrains sur lesquels les techniciens sortent quotidiennement les toutous, des gens qui s'occupent des captifs, un vétérinaire pour les soigner. L'intendance suit.

Pourtant, cette fourrière n'est pas un hôtel : « Au bout de 8 à 10 jours, durant lesquels on recherche les propriétaires, les animaux partent dans les refuges de Carros et Tourrette-Levens. »

Cette campagne poursuit deux buts : « Faire prendre conscience aux propriétaires que l'achat ou l'adoption d'un animal a des conséquences au quotidien et leur donner des clés pour bien organiser les vacances de leur compagnon. »

Savoir si la campagne a eu un impact public fait également partie des objectifs d'Hélène Saliceti-Adroguer. L'élue rappelle que « l'abandon d'un animal de compagnie est assimilable à un acte de cruauté passible de 2 ans d'emprisonnement et 30.000 euros d'amende ».

Ce double argument suffira-t-il à faire entendre à ceux qu'on qualifie d'humains que « l'adoption est une option, l'assumer est une obligation » ?


SDA : la précarité sociale aggrave la situation

Refuge de la Conca, à Tourrette-Levens :

40 chiens, 60 chats. Tous abandonnés. Cette tragédie, la SDA, dont dépend le refuge, la connaît trop bien. Hélas ! C'est de pire en pire : « On est très impactés, surtout en ce moment par rapport aux congés d'été », se désole Patrick Villardry, président de l'association de protection, basée rue Maréchal-Joffre.

Nouveau phénomène : la recrudescence d'abandons d'animaux appartenant à des maîtres qui ne parviennent plus à subvenir aux besoins de leurs compagnons à quatre pattes.

Précarité sociale. Financière. Alors, on se défait de son protégé.

«J'avais déjà senti la chose l'année passée, mais actuellement ça s'intensifie. Et on a tous les profils : la personne âgée affirmant qu'elle entre en maison de retraite alors que c'est faux, le quinquagénaire ne pouvant plus boucler son budget... Ces deux derniers mois, on a enregistré 30 abandons. C'est énorme ! »

Nourrir, soigner le chien, le chat, devient pour certains mission impossible. « Depuis un an, c'est l'enfer. On essaie d'aider certaines personnes en partageant les frais de vétérinaire. Mais sans aide publique, hormis la subvention de 3.000 € versée par la Ville, on ne peut pas aller très loin... »

Que dire, que faire, lorsque quelqu'un cherche à se débarrasser de son chien ?

« En fonction des places au refuge, on accepte de recueillir l'animal et, surtout, de faire en sorte qu'il ne finisse pas abandonné lâchement dans un bois. »

Une fois « sauvées » de l'errance, les bêtes sont stérilisées, vaccinées, « car ce n'est pratiquement jamais fait », puis mises en adoption sur le site internet de la SDA, notamment sous la rubrique « coup de cœur du président ». Il arrive que de nouveaux parents changent le destin de quelques esseulés...

Ça vous dit ?

Contact : www.sda-nice.com.


ARPA : recherche familles d'accueil

Une campagne municipale contre les abandons ? L'ARPA (Alliance pour le respect et la protection des animaux) dit oui. «Ça frappe toujours les esprits », commente Jacques Leboucher, président.

C'est que là encore, dans les locaux de la rue Sorgentino, les abandons, on les subit à la pelle : « Entre 5 et 10 par jour, chats et chiens confondus », précise Anne-Marie David, directrice.

C'est la personne qui vient directement avec le condamné à l'exil, invoquant mille excuses : « Je déménage...», « On est allergique... » Évidemment, ce n'est jamais « Je pars en vacances » !

C'est le malheureux minou ou toutou qui se retrouve en carafe sur le trottoir pour cause d'expulsion. C'est aussi l'animal prisonnier d'une caisse de transport, déposée anonymement devant l'ARPA... La liste est longue.

Elle plombe les chiffres : une trentaine de chats, une dizaine de chiens répartis entre le local de Sorgentino, les familles d'accueil, plus 28 animaux placés dans le circuit des pensions privées, mais onéreuses (12 e par jour et par chien). Concernant les familles d'accueil, encore trop insuffisantes, les volontaires sont les bienvenues*, d'autant que « l'ARPA prend en charge les frais vétérinaires et de nourriture ».

Chaque année, l'ARPA case entre 300 et 400 bêtes. « Mais il arrive que des animaux adoptés soient à nouveau largués. Il faudrait instituer une feuille d'adoption, un suivi juridique, mais c'est perdu d'avance tant que l'animal restera considéré comme un bien. »

*Les personnes intéressées peuvent contacter l'ARPA au 04.93.26.29.70 ou par courriel à : arpanimaux@wanadoo.fr.